Un talent à l’état naturel ; Bella Bellow était une véritable étoile au firmament de la chanson africaine des années 60 et 70. Mais elle n’eut pas la carrière à la taille de ses potentialités. La blueswoman est morte tuée le 10 décembre 1973 dans un accident de la circulation ; alors qu’elle n’avait que 27 ans ! Aînée d’une fratrie de sept enfants, Georgette Nafiatou Adjoavi Bellow a vu le jour le 1er janvier 1945 à Tsévié, non loin de Lomé.Bella Bellow
Après ses études primaires et secondaires à Sokodé et à Lomé, elle débarque à Abidjan pour se former en secrétariat, mais en profite pour suivre des cours de solfège à l’Institut des Arts. Toute jeune, elle était sollicitée pour régaler dans les manifestations scolaires et fêtes populaires. Sa voix chaude ; veloutée et sa prédisposition pour la chanson seront le point de départ d’une prometteuse carrière artistique. Plus grande chanteuse de l’Afrique francophone à l’époque ; Bella Bellow a chanté en 1965 pour feu le président Hubert Maga, à l’occasion de la fête de l’indépendance de l’ex-Dahomey ( actuel Bénin). En avril 1966, sa participation au 1er Festival mondial des Arts Nègres à Dakar au Sénégal lui ouvre la voie d’une consécration internationale.
Flairant le talent de la jeune femme, Paul Ahyi, le peintre togolais de renom ; son ancien professeur de dessin au Lycée de Sokodé ; lui organise une rencontre avec Gérard Akueson, qui devient son impresario. Bien vite, le premier éditeur phonographe africain en France et célèbre promoteur d’artistes, rassemble autour de Georgette Nafiatou Adjoavi Bellow ; une équipe de musiciens aguerris : Slim Pezin à la guitare, Jeannot Madingué, à la basse, Ben’s à la batterie et Manu Dibango au clavier et à l’arrangement.
Elle enregistre en 1969; « Rockya », son premier album sous le nom d’artiste de Bella Bellow. Un bijou musical qui figurera quelques années plus tard sur la compilation « 30 ans de musique africaine », un best of réalisé par la radio Africa No1. D’autres succès de sa discographie ; entre autres Senyé ( Mon destin) à elle écrit par le parolier, feu Innocent Domenyo Agbétiafa, Blewu (Patience), Nye Dzi (Mon amour), Denyigba ( Ma patrie)… lui sont arrangés par Vladimir Kovaroc, le réputé chef d’orchestre bulgare. Entre temps, Bella Bellow rompt avec Gérard Akueson, son impresario ; pour mettre sur pied son propre groupe ; l’orchestre « Gabada » ; du nom d’un rythme du terroir togolais. La blueswoman à la légendaire chasse-mouches ( sossi) et au sourire angélique est adoptée par les mélomanes congolais des années 70, précédant les Abéti Masikini, M’Pongo Love, Tshala Muana, Mbilia Bel. Partout où elle chante, à Abidjan, Cotonou, Bamako, Dakar, Ouagadougou en passant par Douala, Libreville, Brazzaville ou Kinshasa ; Bella Bellow est portée aux nues par des foules au bord de l’hystérie. Bella Bellow a été l’une des rares africaines à chanter à l’Olympia à Paris, alors la scène de rêve de tout artiste en quête de notoriété. Elle a donné des concerts à Athènes en Grèce, à Split en ex-Yougoslavie, à Bonn en Allemagne et en Belgique. Le nom de la blueswoman africaine a retenti aux Antilles (Guadeloupe et Guyane).
On l’a vue au Festival de la chanson populaire de Rio de Janeiro au Brésil, acclamée par plus de 100 000 spectateurs ivres de bonheur. En janvier 1972, elle s’est mariée en justes noces avec le magistrat togolais Théophile Jamier-Lévy. De leur union ; a vu le jour quelques mois plus tard ; Nadia Elsa, sa fille unique. Bella Bellow se préparait à partir en tournée musicale aux Etas-Unis d’Amérique avec le Camerounais Manu Dibango. Mais ce projet restera à l’étape du rêve. Revenant d’Atakpamé ; la blueswoman laissera sa vie le 10 décembre 1973 dans un accident de la circulation à Lilikopé, près de Tsévié… Vénérée un peu partout ; la blueswoman Bella Below a ouvert la voie à de nombreuses générations d’artistes. Feue Abéti Masikini l’a chantée dans le morceau « Ngoyaye Bella Bellow » ( Hommage à Bella Bellow) ; le Béninois Oscar Kidjo, le frère d’Angélique lui a rendu hommage à travers « Ekou wo noubla nyuinoulo » ( la mort a semé le désarroi ) sur l’album Pretty.
De nombreux titres faisant partie intégrante de sa discographie sont diversement repris par de nombreux artistes de deux sexes notamment ; feue Julie Akofa Akoussah, Julie Akoussah, Djifa, Vicky Bila, Afia Mala, Dee Kwarel, Feliaho ( Aholou Octave ), Vanessa Worou. Cette dernière lui a consacré une ode « Ma Bella » Qui a travaillé avant l’aurore ; peut s’en aller avant le soir ! Bella Bellow a disparu, mais son oeuvre résume ce qui fut l’art, la pensée et le coeur de l’artiste qui a honoré de sa vie et de son talent, le patrimoine du Togo artistique d’hier et d’aujourd’hui.
Ekoué Satchivi
Albums
Les Succès De Bella Bellow – Collection Béninpassion Vol. 4
Rockya
Denyigban
Album souvenir

Source: Afrik.com